mercredi 6 mai 2020

Scénarios de crise?

Nous vivons une crise sans précédent, avec des impacts encore insoupçonnés sur nos vies, individuelles, de groupe, sur nos sociétés, sur nos économies, sur nos civilisations. Les bourses se sont écroulées, après la crise sanitaire, sans doute une crise économique, sociale, géopolitique, environnementale. En gros, une crise systémique.
Préparez-vous à la crise mondiale, lancée par la Chine... et par l ...Au XXme siècle, les deux guerres mondiales ont été des crises majeures. Elles ont été le sujet (surtout la seconde) de multitudes de romans, nouvelles, films, œuvres artistiques diverses. Je me demande comment notre crise actuelle sera traitée dans le futur, proche et lointain, par les artistes de toutes disciplines. 
Depuis plusieurs jours, je me fais des films ou romans dans ma tête sur les situations spécifiques du confinement. Sans doute les plus faciles à envisager pour l’instant. Me sont venues ces idées . C’est pas forcément original, mais c’est déjà une première tentative :

Il pourrait y avoir les situations de confinement, vu de l’intérieur. Unité de lieu, d’action, de temps(?). Oui, le temps s’étire, et on ne prends plus la mesure du temps….
- le couple confiné, qui se redécouvre, et se retrouve
- le couple qui vient de décider de divorcer, et qui est obligé de continuer à cohabiter, l’un des deux ne pouvant trouver un appart/déménager pendant le confinement. Se retrouvent-ils ? Ou s’étripent-ils ?
- le confinement chez des riches bourgeois, qui vivent une espèce de parenthèse de vacances d’été (la météo facilite les choses), sans se rendre compte de la réalité à l’extérieur, et du monde qui s’écroule ; idem une famille modeste dans 35m2, en banlieue, avec tous les clichés qu’on peut se faire dans les deux cas, extrêmes. Et certainement, toutes les variantes entre ces deux extrêmes : l’étudiant ; la coloc d’étudiants - pour certaines , ca doit être explosif-, les foyers d’étudiant.e.s désertées, avec juste quelqu’un.e.s qui restent parce pas d’autres solutions ;
- deux mecs (ou deux femmes) qui pour une raison inattendue, se retrouvent confinés ensemble, et se découvre plus qu’une attirance l’un.e envers l’autre
- ceux/celles qui, confinés ensemble, finissent en une énorme partouze, qui dure plusieurs jours (style « la grande bouffe » ? mais j’ai jamais vu ce film, peut-etre à visionner en ce moment,)
- celui/celle qui pète un plomb, du fait de sa solitude
- les rencontres entre voisins sur les balcons à 20H

Ensuite, toutes les rencontres ou échanges virtuels, plus ou moins joyeux. Ca me rappelle le très bon film « Denise au téléphone », qui doit bien avoir une quinzaine d’années, tournées au moment de l’irruption du telephone portable dans nos vies. Le film passait toutes les étapes de la vie : de l’accouplement et la naissance, jusqu’à la mort, et tout ça au travers du téléphone, sans aucun contact. Je me souviens, j’avais été effrayé en sortant du cinéma. Mais c’était finalement très juste.
On pourrait donc avoir :
- les dragues sur site de rencontres, avec remise au déconfinement la possibilité de se rencontrer physiquement, mais periode qui permet de se découvrir en amont, de susciter le désir, l’attente…
- les apero par telephone, avec ceux/celles qui parlent en même temps, les longs silences où on ne sait pas trop quoi dire, le boute-en-train qui fait rigoler tout le monde, et qui ne se rends pas compte qu’il peut aussi commettre des gaffes, la nostalgie de l’apéro en réel, les fins d’apero un peu bizarre où on ne sait plus trop quoi dire, mais où on sent bien que chacun veut arréter, mais on ne sait pas comment,
- moins drôle, l’adieu aux proches malades, à qui on ne peut rendre visite, adieu qui se fait via tablette ou tel, par exemple

Un thème autour des sorties :
- les fameuses autorisations à télécharger, ceux qui y arrivent, ou non, qui les oublient, se font verbaliser (j’ai une copine qui se ballade toujours avec deux poireaux à la main pour montrer qu’elle fait ses courses depuis qu’elle s’est fait verbaliser de 130 € parce que elle se promenait à plus d’un km de chez elle)
- les courses en général : les queues où on est à 1, 50 m de distance les uns des autres, et où on peut faire des rencontres, échanger sur la situation, la vie ; les passages dans les supermarchés, où on fait attention de ne pas se toucher ; les caissier.e.s : leur quotidien, leurs vies..

Ce serait à compléter (j'ai commencé à écrire cet article il y a une quinzaine de jours, et je me rends compte que toute cette liste est devenue très banale....je la garde quand même.... après, on aura oublié tout ça , qui aujourd'hui, nous est devenu presque "normal"-c'est horrible d'écrire ça-) 

Après, j’ai lu ce weekend dans «Le Monde » un entretien avec Christophe Honoré, le metteur en scène que j’aime beaucoup, qui trouve cette période de confinement comme étant du temps totalement perdu, où il n’arrive pas à créer, et ne voit pas en quoi cette période serait favorable à la création. Bien au contraire : « Ce temps imposé est un temps empoisonné ».
Et j’aime bien sa conclusion : « Peut-être suis-je un peu trop obsédé par Prousti en ce moment, mais je crois que, pour retrouver quelque chose, il faut admettre l’avoir perdu. Le temps que nous vivons est perdu. L’admettre, c’est laisser la possibilité qu’il y ait un temps retrouvé »

iIl était en train de monter un spectacle d’après Proust

9 commentaires:

  1. Elle est vraiment superbe sa phrase de conclusion en effet !! :D

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  2. On choisi un scénario et tu développes, c’est ça le jeu ?

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    1. Ah je n avais pas pensé à ça. Mais pourquoi pas? Vas-y.
      En fait, je pensais plus à des idées de scénario à rajouter à la liste

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    2. J'aime bien l'idée des deux mecs confinés évidemment. mais comment peut-on se confiner à deux sans se connaître par hasard. Ce n'est pas comme si on n'avait pas été prévenus...
      Les deux mecs ont craqué séparément. Il n'en peuvent plus de ce putain de confinement (fuck le confinement comme écrit Patrick Antoine tous les jours en partageant son itinéraire quotidien sur fb). Un matin, chacun dans sa vallée, ils chaussent leurs godillots et les skis de rando sur l'épaule, ils partent rejoindre ce petit refuge non gardé près du col qui les séparent...
      A toi de jouer !
      C'est inspiré d'un fait réel et d'une nouvelle gay.

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    3. Bon on va relever le défi ! Il va falloir que je fasse des recherches sur la vie en refuge ! Jamais mis les pieds ,sauf une fois en été !et jamais pratiqué le ski de randonnée ! Mais ça me plaît. Donne moi un peu de temps quand même !

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  3. Je suis étonné qu'on n'évoque pas davantage la production littéraire ou cinématographique des années 1960/70: on est en plein dans le théâtre de l'absurde. Allez, on vit dans Oh les beaux jours de Beckett. Reste à inventer comment ça finit.

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    1. Notre monde avait déjà tourné à l'absurde depuis longtemps. Je n'ai juste que le summum et encore, pas sûr que nous soyons au sommet.

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  4. Ah oui ! Sûrement ! Je vais relire ça ! Je connais pas bien

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