mardi 31 décembre 2013

Rencontre possible ou petit cadeau de fin d'année

Dimanche. Jour de marché. Avant les fêtes, et pour les préparer, je cours chercher mets de circonstances: dinde, marrons, champignons, fruits de mer, fruits de terre, fruits exotiques, fruits en tout genre. Il y a un peu de monde. Ils sont tous couverts. Il fait presque froid.
Et là, devant moi, qui je reconnais? De beaux fruits de la nature masculine: Le Kouros et son acolyte, la possibilité d'une rencontre qui devient réelle. Le « Kouros » achète justement des champignons, l'autre est un peu retrait. Ils sont à 5 metres devant moi, et je me dirige vers eux. Le « Kouros » porte bien, assez costaud apparemment; l'acolyte, plus jeune, plus mince , est plus style « marais », habillé branché, cheveux courts, et ce « je ne sais quoi » qui souligne son orientation sexuelle (sans être efféminé non plus).
Je regarde assez fixement l'acolyte, qui ne me voit pas. Il tourne la tête vers moi, esquisse un sourire. Je suis chargé, je réponds par un sourire, mais je passe devant lui sans m'arrêter.

Et puis, je me rends compte avoir oublié (vraiment?) un achat. Alors , je retourne sur mes pas. Mais ils ont disparu, je ne les retrouve plus.

Maintenant , je suis persuadé que ces deux-là, je les rencontrerais de nouveau.

Pour l'instant, je considère cette rencontre comme mon petit cadeau de fin d'année.

A suivre donc...

mercredi 11 décembre 2013

Terrasse de café (2)

Paris. De nouveau. Il fait un temps magnifique. Une lumière pure, mais froide, sans aucune poussière, directe, crue, qui ne laisse place ni à la nostalgie, ni à la discrétion. On y voit tout.

http://www.musee-orsay.fr/typo3temp/pics/527df30244.jpgJ'y suis pour le boulot, mais j'ai deux heures devant moi. Au lieu de déjeuner, j'en profite pour aller voir l'expo sur le Nu masculin à Orsay. Intéressant. Première fois à ma connaissance en France qu'on s'attarde sur le nu masculin dans la peinture et la sculpture: académisme, antiquité, culte du héros, et peu à peu objet de désir. Un peu partout, les oeuvres kitsch de Pierre et Gilles (à droite), dont j'avais vu il y a plusieurs années une expo à Bruxelles qui m'avait enchanté et fait découvrir ces artistes qui ont su imposer leur style si particulier, en détournant les académismes. Des photos, noir et blanc pour la plupart de Herbert List, Franck Eugène Smith, de David Lachapelle (avec beaucoup d'humour). Et des corps donc, lisses, musculeux, alanguis, souffrants, vieux, jeunes, autres. Et un XXeme siècle et XXIeme siècle qui fait de ces corps de réels objets de désirs, avec des choses vraiment intéressantes, comme ces peintures réalistes des années 30 de l'américain Paul Cadmus (on dirait que ca a été fait aujourd'hui -photo en haut à gauche-), ou ce peintre  russe, certainement soviétique(?), Alexander Alexanderovitch Deineka, une « Douche »-ci-dessous- peinte dans les années 50, bien homoérotique et  étonnante.  

Je serais bien resté plus longtemps, mais le temps me pressait. Je pensais aussi croiser des regards. Mais non. Il y avait des couples de mecs, des mecs seuls, mais tous semblaient subjugués par les oeuvres. Donc pas de regards. Peut-etre un seul, mais si peu marqué que je ne m'y suis pas attaché.

En sortant, j'ai quand même fait un tour rapide dans les salles post-impressionistes, avec les nabis, les Van Gogh aussi. Magnifique!!Quand je pense qu'on se tue à faire des queues pas possibles pour les admirer dans des expos temporaires, alors que là, ils y en a pleins, tout aussi magnifiques les uns que les autres. La profusion des oeuvres en est imprssionnante. Et très bien présentées et éclairées.
Donc, je vous recommande Orsay en général, et l'expo sur le nu masculin en particulier(ca finit début janvier).

En commençant ce billet, je voulais surtout vous parler de ma terrase de café de la Rue du Bac, en fait, et pas de Orsay.
Donc, malgré le peu de temps que j'avais, je suis quand même allé rue du Bac, sur cette terrasse de café, où j'avais échangé ce regard (voir mon billet précédent), dans l'espoir de le retrouver, d'échanger un numéro, voir autre chose.
La terrasse était au soleil. J'y aperçois un homme qui ressemble à celui que je recherche. Ce serait trop beau. Je m'approche et m'assoit. Et non, ce n'est pas lui. Je commande mon café. J'ai 15 minutes devant moi.
Je prépare, en l'attendant, mon rendez-vous pro d'après.
Le temps passe.
Il est temps de partir.
Il n'est pas venu.
C'est logique, et je m'y attendais.
Mais j'y retournerais quand même régulièrement.
J'y croiserais peut-etre aussi Kigou (mais je ne pense pas que ce soit à 200 m de chez lui).

mercredi 4 décembre 2013

Terrasse de café parisien

Paris. Samedi matin. Il fait gris. Pas le gris qui donne à Paris cette luminosité si particulière, et ce charme si nostalgique qui rend toute histoire d'amour si unique, intense, et exceptionnelle. Non, Paris ce matin-là était plutôt insipide et sans saveur.

Je suis avec une copine d'enfance, que je vois peu , mais avec qui on a toujours l'impression de ne s'être jamais quitté. On se ballade, on a envie d'un café. On est Rue du Bac. On va aller vers le Louvre. En attendant, on s'assoit sur cette terrasse de café en plein air, chauffée tout de même. Il est déjà 11h30, peut-être midi. On prend deux cafés.

Une fois le café servi, deux mecs s'assoit à deux tables de nous. L'un semble plus âgé que moi, plutôt insignifiant. L'autre, les cheveux mi-longs, un blouson type doudoune bleu marine, un foulard autour du cou. Pas rasé. Une grosse bague en métal argenté (en argent peut-être.)sur un doigt. Il tient un téléphone portable à la main. Le téléphone semble clouté. Au total, il a un peu un look de rocker «clouté» des beaux quartiers. Je me dis qu'il doit avoir des piercings sur le corps, peut-être sur le sexe d'ailleurs.

La disposition des tables fait que nous sommes en fait face à face, à disons 2,50 mètres de distance. Nos deux «accompagnateurs/trices ne se rendent pas compte que nous nous regardons. Car nos regards se sont croisés. Puis , comme toujours dans ces cas là, sont allés se perdre ailleurs, auprès de notre interlocuteur/trice respectif/ve, de notre tasse de café, des voitures qui passent. Et nos regards se recroisent. Plusieurs fois. On finit par esquisser un léger sourire. Il a des yeux profonds. Mais je ne maintiens jamais le regard plus de deux secondes.

Le temps passe , et je dois filer attraper un train. Je paye les deux cafés. Il me suit des yeux. Et moi aussi. Je me lève, tout comme mon amie, qui apparemment n'a pas remarqué le manège (pourtant elle est très perspicace sur ce genre de situation).
Et là, en passant devant lui, il me lance : «bonne journée», avec une voix grave, et un sourire à tomber, accompagné d'un clin d'oeil. Je réponds par un «merci, belle journée à vous», un peu étonné de l'interpellation.

Mais je suis content. Content d'avoir entamé une espèce de drague (je suis très mauvais dragueur), avec un mec plutôt bien.
Puis énervé. Enervé de ne pas avoir pu rester plus longtemps. Enervé de ne pas avoir pensé à laisser tomber une carte de visite, ou d'être aller aux toilettes en espérant qu'il vienne m'y rejoindre, pour un échange de numéro. Ou autre chose.

Mais satisfait quand même de cet échange fugace. De ce sourire prometteur.

Dans mon train, où je me suis endormi, je n'ai pas arrêté d'y penser.
Et ma journée entière a été très bonne.