vendredi 17 juillet 2009

une nuit

La chambre était pauvre et vulgaire,
cachée au-dessus de la taverne louche.
Par la fenêtre, on apercevait la ruelle,
étroite et sordide. D'en bas montaient
les voix de quelques ouvriers
qui jouaient aux cartes et qui s'amusaient.

Et là, sur l'humble lit plébéien,
j'ai possédé le corps de l'amour, j'ai possédé les lèvres
voluptueuses et rouges de l'ivresse-
rouges d'une telle ivresse qu'en ce moment même
où j'écris, après tant d'années!,
dans la solitude de ma maison, j'en suis de nouveau enivré.


Constantin Cavafy, in "En attendant les barbares et autres poêmes" Poésie, Gallimard

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