Aujourd'hui, comme tous les 25 du mois, vous pouvez aussi me trouver là, chez "Une fois par moi".
Passage à Paris. Une journée, très rapide, pour le boulot. Pas le temps d'aller boire un pot avec un copain de faire des rencontres, de voir une expo. Tant pis, ce sera pour plus tard. J'ai quand même la chance, par grand hasard, de me trouver dans la cour carré du Louvre, à la nuit tombée. L'éclairage est magnifique. J'ai l'impression d'être dans un décor irréel, un peu de conte, d'être dans le merveilleux. Derrière moi, il y a une femme et un homme, la quarantaine. Elle rigole un peu niaisement, lui, il fait des vannes gentilles, charmeuses. Je me dis: 'belle scène de drague, elle minaude, il en rajoute, elle est seule, il est marié, il se demande si il va plus loin, etc....". Souvent , quand je vois des inconnus (ou des connus d'ailleurs), je me fais tout un film autour d'eux, imagine plein de trucs....Je le fais au boulot , avec mes collègues (surtout les nouveaux dont je ne connais rien), avec les gens que je rencontre. Mais , surtout, j'essaye de les imaginer à poil, et/ou en train de baiser.
Ca vient de loin, de mes premiers examens oraux (le bac? ou le brevet? je ne sais plus). J'étais tellement stressé , qu'un copain m'avait suggéré d'imaginer l'examinateur/trice sur la lunette des chiottes. C'est vrai que ça casse le mythe, ça tue la posture officielle, dure de l'institution qui est là pour vous noter, vous juger. Je me souviens d'un examinateur , quand j'étais en fac, qui ressemblait à notre défunt président (F.M), avec la même pompe, la même distance , qui devait le rendre (notre Pdt) assez impressionnant. L'imaginer, l'examinateur, en train de chier, le visage tout rouge en train de pousser: ça m'a permis de lui sortir mon cours sans problèmes et de lui répondre à ses questions...je n'ai pas eu 19, mais je pense un petit 12 qui me suffisait amplement.
Tout ça pour dire que aujourd'hui, je préfère vous imaginer à poil, ou en train de baiser, hommes, femmes, groupes(les enfants, non, ce n'est vraiment pas mon truc). C'est quand même plus sympa, moins chiant (excusez le jeu de mots débile). Ca devient automatique, trop même. Ma femme finit par trouver que je pense vraiment qu'à ça. Ca ne lui serait jamais venu à l'esprit(enfin maintenant, elle s'y met aussi). Au début, je voyais un beau mec, je me disais: "toi, t'es une bête au pieu, câlin sensuel, endurant, à faire jouir un bataillon de mâles ou femelles en rut", ou un petit timide et gringalet:" toi ta femme t'impose tout, tu n'oses toucher un mec, tu ne sais pas y faire"...Et puis, avec l'expérience , je me suis rendu compte que "l'habit ne fait pas le moine"..ou que plutôt, sans habit, la bête réagit bien différemment que couverte (c'est clair?). En fait, certains, qui semblent si sûrs d'eux, sont vraiment en dessous de tout au pieu, et très mal foutus physiquement, d'autres , c'est l'inverse. Mes "films" imaginaires sont donc plus nuancés: la belle fille pulpeuse et bombe sexuelle, je la verrais peut-être inerte au pieu, ne sachant quoi faire avec monsieur, et sans doute plus souvent entrain de se caresser l'abricot, toute seule dans son lit et sous ses couvertures. Au contraire, mademoiselle passe-partout, qu'on ne remarque même pas, tellement elle est insignifiante, devient une bouffeuse de phallus et de chattes en délire, usant du fouet et des menottes, pleine d'une imagination sexuelle débridée. En ce qui concerne les mecs, même genre de plan. Du coup, je me demande aussi ce que je renvoie comme image aux autres, si ils projettent le même genre de délire que moi sur les personnes qu'ils côtoient.
Mais aussi , j'essaye d'imaginer la "gueule" de leur bite....Grosse, petite, joufflue, mince, tordue, douce, sombre etc...Là, je me base sur le nez. Oui, vous avez bien lu.n Je ne sais plus quel artiste (Giacommetti, je crois, mais je ne suis pas sûr) a dit que le nez est le sexe du visage, la chose la plus horrible qui soit sur un visage. Il n'a pas tort: le nez, c'est rarement beau (quoique!!); de là , à le comparer au sexe, il y va peut-être un peu fort. C'est vrai qu'il y a des bites moches, mais certaines sont plutôt sympas, je trouve....pour rester dans le correct, on ira voir les statues antiques grecques des beaux éphèbes, ok? Bon, et puis, pour les femmes, ça ne marche pas trop non plus, le coup du nez....
Donc , je me dis, toi, le costaud, l'ex-maitre-nageur, OK on sait que t'en as une grosse, tu l'as suffisamment montrée en maillot de bain...mais au pieu t'es une brêle, et ta nana, elle te mène comme elle veut...tellement qu'elle en a marre..et toi le petit nouveau que je trouve charmant, bien entendu, tu es une bête de sexe, avec ta jolie bite, bien foutue et équilibrée, et ton torse velu à souhait.
Mon problème, c'est que j'ai rarement l'occasion de vérifier si je me trompe ou pas, car bien évidemment, même si j'aime la chair fraiche, je ne vais pas non plus voir ce qu'il y a dans les culottes de toutes les personnes que je croise...et pour ceux où je vais voir, je n'ai pas toujours trop eu le temps d'imaginer trop de choses à leur sujet (c'est ça, le problème des plans sur internet)....
Toujours est-il que lors de ce passage à Paris, je suis dans le métro, avec mon fils. On rentre dans une rame bondée. Et là, je tombe raide devant un mec à tomber à la renverse. Je lui aurais bien fait le coup "impulse" : "soudain un inconnu vous offre des fleurs", mais je n'avais pas de fleurs avec moi. Un visage magnifique, des lèvres très bien dessinées, des yeux noisettes clairs des plus charmant, rasé de près (il était 20H pourtant), les cheveux légèrement ondulés, coiffés négligemment mais avec style, habillé plutôt classique, mais avec ce je-ne-sais-quoi de décontracté, les yeux rivés sur son i-phone (comme quasi tout le monde maintenant dans le métro). Et son nez, me direz-vous? droit, affirmé, ni trop grand, ni trop court, ni empâté, ni trop fin et squelettique. Vous en déduisez quoi pour son sexe? et bien, droit, raide, et ferme de taille moyenne, qui sait ce qu'il veut! Le fait qu''il soit occupé par son téléphone m'a permis de le dévisager et de l'observer tout mon saoul, tout en faisant attention que mon grand fils qui était avec moi ne remarque pas cet intérêt subi pour ce beau mâle. Et donc bien évidemment, je me suis mis à l'imaginer d'abord dans le plus simple appareil (et c'était très très beau), ensuite en train de baiser. Et là, j'ai eu un souci, car je n'arrivais pas à l'imaginer. Et puis, il a levé les yeux, pour regarder où le métro arrivait. Nos regards se sont croisés. Sourire ravageur. J'ai cru m'effondrer. Je lui ai rendu la pareille, mon fils regardant heureusement les affiches de la station où le métro rentrait.
Il est sorti. S'est arrêté sur le quai. S'est retourné vers moi. M'a lancé de nouveau son regard noisette à tomber. A fait un pas en arrière, comme s'il allait revenir dans la rame. Et puis, les portes se sont fermées. Mon fils n'a rien vu (ou s'il a remarqué quelque chose, ne m'en a rien dit). Je ne peux dire si je regrette qu'il n'ait pas pu remonter. Je ne sais pas ce que j'aurais fait, avec mon fils à côté de moi, s'il m'avait abordé (en même temps, je me suis peut-être fait totalement un vrai film, et peut-etre qu'il regardait une fille derrière moi? ou autre chose? ). Mais, curieusement, je me suis pris à imaginer ce beau visage, avec son beau corps, se fondre avec moi dans un corps-à-corps d'une grande sensualité, dans l'atmosphère ouaté d'une chambre confortable, corps-à-corps dont je vous laisserai imaginer les détails. Je me rendais compte alors que le plus important était sans doute l'échange de regards pour permettre à l'imagination de faire son travail!
Le retour à la réalité du métro fût moins érotico-esthétique. Et je n'avais plus envie d'imaginer les autres passagers à poil ou en train de baiser. D'ailleurs, je ne les regardais plus.