Nous vivons une crise sans précédent, avec des impacts encore
insoupçonnés sur nos vies, individuelles, de groupe, sur nos
sociétés, sur nos économies, sur nos civilisations. Les bourses se
sont écroulées, après la crise sanitaire, sans doute une crise
économique, sociale, géopolitique, environnementale. En gros, une
crise systémique.
Au
XXme siècle, les deux guerres mondiales ont été des crises
majeures. Elles ont été le sujet (surtout la seconde) de multitudes
de romans, nouvelles, films, œuvres artistiques diverses. Je me
demande comment notre crise actuelle sera traitée dans le futur,
proche et lointain, par les artistes de toutes disciplines.
Depuis
plusieurs jours, je me fais des films ou romans dans ma tête sur les
situations spécifiques du confinement. Sans doute les plus faciles à
envisager pour l’instant. Me sont venues ces idées . C’est
pas forcément original, mais c’est déjà une première
tentative :
Il
pourrait y avoir les situations de confinement, vu de l’intérieur.
Unité de lieu, d’action, de temps(?). Oui, le temps s’étire, et
on ne prends plus la mesure du temps….
- le
couple confiné, qui se redécouvre, et se retrouve
- le
couple qui vient de décider de divorcer, et qui est obligé de
continuer à cohabiter, l’un des deux ne pouvant trouver un
appart/déménager pendant le confinement. Se retrouvent-ils ?
Ou s’étripent-ils ?
- le
confinement chez des riches bourgeois, qui vivent une espèce de
parenthèse de vacances d’été (la météo facilite les choses),
sans se rendre compte de la réalité à l’extérieur, et du monde
qui s’écroule ; idem une famille modeste dans 35m2, en
banlieue, avec tous les clichés qu’on peut se faire dans les deux
cas, extrêmes. Et certainement, toutes les variantes entre ces deux extrêmes : l’étudiant ; la coloc d’étudiants - pour
certaines , ca doit être explosif-, les foyers d’étudiant.e.s
désertées, avec juste quelqu’un.e.s qui restent parce pas
d’autres solutions ;
- deux mecs (ou deux femmes) qui pour une raison inattendue, se
retrouvent confinés ensemble, et se découvre plus qu’une
attirance l’un.e envers l’autre
- ceux/celles qui, confinés ensemble, finissent en une énorme
partouze, qui dure plusieurs jours (style « la grande
bouffe » ? mais j’ai jamais vu ce film, peut-etre à
visionner en ce moment,)
- celui/celle qui pète un plomb, du fait de sa solitude
-
les rencontres entre
voisins sur les balcons à 20H
Ensuite, toutes les rencontres ou échanges virtuels, plus ou moins
joyeux. Ca me rappelle le très bon film « Denise au
téléphone », qui doit bien avoir une quinzaine d’années,
tournées au moment de l’irruption du telephone portable dans nos
vies. Le film passait toutes les étapes de la vie : de
l’accouplement et la naissance, jusqu’à la mort, et tout ça au
travers du téléphone, sans aucun contact. Je me souviens, j’avais
été effrayé en sortant du cinéma. Mais c’était finalement très
juste.
On pourrait donc avoir :
- les dragues sur site de rencontres, avec remise au déconfinement
la possibilité de se rencontrer physiquement, mais periode qui
permet de se découvrir en amont, de susciter le désir, l’attente…
- les apero par telephone, avec ceux/celles qui parlent en même
temps, les longs silences où on ne sait pas trop quoi dire, le
boute-en-train qui fait rigoler tout le monde, et qui ne se rends pas
compte qu’il peut aussi commettre des gaffes, la nostalgie de
l’apéro en réel, les fins d’apero un peu bizarre où on ne sait
plus trop quoi dire, mais où on sent bien que chacun veut arréter,
mais on ne sait pas comment,
-
moins drôle, l’adieu
aux proches malades, à qui on ne peut rendre visite, adieu qui se
fait via tablette ou tel, par exemple
Un thème autour des sorties :
- les fameuses autorisations à télécharger, ceux qui y arrivent,
ou non, qui les oublient, se font verbaliser (j’ai une copine qui
se ballade toujours avec deux poireaux à la main pour montrer
qu’elle fait ses courses depuis qu’elle s’est fait verbaliser
de 130 € parce que elle se promenait à plus d’un km de chez
elle)
- les courses en général : les queues où on est à 1, 50 m de
distance les uns des autres, et où on peut faire des rencontres,
échanger sur la situation, la vie ; les passages dans les
supermarchés, où on fait attention de ne pas se toucher ; les
caissier.e.s : leur quotidien, leurs vies..
Ce serait à compléter (j'ai commencé à écrire cet article il y a une quinzaine de jours, et je me rends compte que toute cette liste est devenue très banale....je la garde quand même.... après, on aura oublié tout ça , qui aujourd'hui, nous est devenu presque "normal"-c'est horrible d'écrire ça-)
Après, j’ai lu ce weekend dans «Le
Monde » un entretien
avec Christophe Honoré, le metteur en scène que j’aime beaucoup,
qui trouve cette période de confinement comme étant du temps
totalement perdu, où il n’arrive pas à créer, et ne voit pas en
quoi cette période serait favorable à la création. Bien au
contraire : « Ce temps imposé est un temps
empoisonné ».
Et
j’aime bien sa conclusion : « Peut-être
suis-je un peu trop obsédé par Prousti
en ce moment, mais je crois que, pour retrouver quelque chose, il
faut admettre l’avoir perdu. Le temps que nous vivons est perdu.
L’admettre, c’est laisser la possibilité qu’il y ait un temps
retrouvé »
iIl
était en train de monter un spectacle d’après Proust
Elle est vraiment superbe sa phrase de conclusion en effet !! :D
RépondreSupprimerJ aurais aimé l écrire !
SupprimerOn choisi un scénario et tu développes, c’est ça le jeu ?
RépondreSupprimerAh je n avais pas pensé à ça. Mais pourquoi pas? Vas-y.
SupprimerEn fait, je pensais plus à des idées de scénario à rajouter à la liste
J'aime bien l'idée des deux mecs confinés évidemment. mais comment peut-on se confiner à deux sans se connaître par hasard. Ce n'est pas comme si on n'avait pas été prévenus...
SupprimerLes deux mecs ont craqué séparément. Il n'en peuvent plus de ce putain de confinement (fuck le confinement comme écrit Patrick Antoine tous les jours en partageant son itinéraire quotidien sur fb). Un matin, chacun dans sa vallée, ils chaussent leurs godillots et les skis de rando sur l'épaule, ils partent rejoindre ce petit refuge non gardé près du col qui les séparent...
A toi de jouer !
C'est inspiré d'un fait réel et d'une nouvelle gay.
Bon on va relever le défi ! Il va falloir que je fasse des recherches sur la vie en refuge ! Jamais mis les pieds ,sauf une fois en été !et jamais pratiqué le ski de randonnée ! Mais ça me plaît. Donne moi un peu de temps quand même !
SupprimerJe suis étonné qu'on n'évoque pas davantage la production littéraire ou cinématographique des années 1960/70: on est en plein dans le théâtre de l'absurde. Allez, on vit dans Oh les beaux jours de Beckett. Reste à inventer comment ça finit.
RépondreSupprimerNotre monde avait déjà tourné à l'absurde depuis longtemps. Je n'ai juste que le summum et encore, pas sûr que nous soyons au sommet.
SupprimerAh oui ! Sûrement ! Je vais relire ça ! Je connais pas bien
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