Lecture de fin d'année. "Infrarouge" de Nancy Huston. J'avais préféré "Lignes de failles" ou "Douze France". "Infrarouge", c'est l'histoire d'une photographe , qui raconte son séjour d'une semaine à Rome , avec son père, et sa seconde femme, des canadiens venus en Europe pour la voir. C'est en quelque sorte un journal tenu cette semaine-là, prétexte à flash-backs sur sa vie, ses amours, sa jeunesse, ses parents, Rome et l'art, le tourisme et les "must" à voir, à "faire" quand on est touriste. C'est intelligent, bien senti. Par moments, tirant en longueur. Mais je vous le recommande tout de même, c'est aussi une très belle écriture , je trouve. C'est aussi très sexe. Je me suis retrouvé dans beaucoup de ces moments, décrits de façon très crue, mais aussi très "lyrique" et je pense, très "vécus". Ci-dessous un de ces très beaux passages. Il y en a plein d'autres, que je n'ai bêtement pas noté, et je dois rendre le bouquin à l'ami qui me l'a prêté. Occasion pour vous de lire le reste, si le coeur vous en dit.
"Dès que nous nous laissons tomber sur le lit et commençons à nous déshabiller avec la délicieuse maladresse de l'impatience, je comprends que Kamal connait aussi la passivité, qu'il est capable de se tenir immobile et de s'offrir à moi, pleinement éveillé et attentif, comme un violoncelle s'offre à l'archet, s'arc-boutant il m'abandonne son visages, ses épaules, son dos et son derrière, attendant que j'en joue, et j'en joue, oh que j'en joue, la plupart des hommes redoutent de se livrer ainsi alors que, si l'on est fin un tant soit peu, on peut goûter l'exquise passivité même aux moments les plus violents de l'étreinte. Dans un délire de désir retenu, je soupèse caresse et lèche les bourses de Kamal, puis je prends son sexe dans mes mains, entre mes seins, dans ma bouche, se rasseyant il s'empare de moi et je le laisse s'affairer à son tour de sa langue et de ses lèvres sur mes seins, ma nuque, mes orteils et mon ventre, explorer les nombreux trésors de mon entrejambe, ô merveille de la langue sur le sexe, les lèvres sur le sexe l'un de l'autre, en même temps ou l'un après l'autre ou alors l'un seulement, cette fois, et l'autre, une autre, jamais je ne me lasserai de cette fluidité argentée, le sexe nageant dans le bonheur tel un poisson dans l'eau, l'être libéré de l'un, de l'autre, sensations frémissantes, charnelles et roses palpitations qui vous détachent de toute couleur et de toute chair, font voir des étoiles, des voies lactées, vous propulsent sans corps ni âme dans l'espace ondulant, les cieux ondulants faisant onduler votre corps qui n'existe plus. Et la jouissance - ce que la jouissance au visage d'un homme-, oh ce n'est pas vrai que c'est toujours pareil une femme triste et fauchée, ou alors une femme furieusement blasée et sarcastique, au contraire, chaque orgasme est absolument unique et c'est pourquoi j'aime tant photographier cet instant, non la première fois mais la deuxième - ou mieux encore, la troisième , quand l'homme a lâché toutes ses amarres, quand il s'est perdu et me sait gré de cette perte."(p 46-47, Editions Actes Sud).
Vous en avez, vous, des photos de cet instant magique?
"Dès que nous nous laissons tomber sur le lit et commençons à nous déshabiller avec la délicieuse maladresse de l'impatience, je comprends que Kamal connait aussi la passivité, qu'il est capable de se tenir immobile et de s'offrir à moi, pleinement éveillé et attentif, comme un violoncelle s'offre à l'archet, s'arc-boutant il m'abandonne son visages, ses épaules, son dos et son derrière, attendant que j'en joue, et j'en joue, oh que j'en joue, la plupart des hommes redoutent de se livrer ainsi alors que, si l'on est fin un tant soit peu, on peut goûter l'exquise passivité même aux moments les plus violents de l'étreinte. Dans un délire de désir retenu, je soupèse caresse et lèche les bourses de Kamal, puis je prends son sexe dans mes mains, entre mes seins, dans ma bouche, se rasseyant il s'empare de moi et je le laisse s'affairer à son tour de sa langue et de ses lèvres sur mes seins, ma nuque, mes orteils et mon ventre, explorer les nombreux trésors de mon entrejambe, ô merveille de la langue sur le sexe, les lèvres sur le sexe l'un de l'autre, en même temps ou l'un après l'autre ou alors l'un seulement, cette fois, et l'autre, une autre, jamais je ne me lasserai de cette fluidité argentée, le sexe nageant dans le bonheur tel un poisson dans l'eau, l'être libéré de l'un, de l'autre, sensations frémissantes, charnelles et roses palpitations qui vous détachent de toute couleur et de toute chair, font voir des étoiles, des voies lactées, vous propulsent sans corps ni âme dans l'espace ondulant, les cieux ondulants faisant onduler votre corps qui n'existe plus. Et la jouissance - ce que la jouissance au visage d'un homme-, oh ce n'est pas vrai que c'est toujours pareil une femme triste et fauchée, ou alors une femme furieusement blasée et sarcastique, au contraire, chaque orgasme est absolument unique et c'est pourquoi j'aime tant photographier cet instant, non la première fois mais la deuxième - ou mieux encore, la troisième , quand l'homme a lâché toutes ses amarres, quand il s'est perdu et me sait gré de cette perte."(p 46-47, Editions Actes Sud).
Vous en avez, vous, des photos de cet instant magique?
Pour ma part pas de photos Arthur! Je n'avais pas la tête à ça sans doute :)Seulement des instants gravés dans ma mémoire, intenses, uniques et si bons. Union de deux corps qui se cherchent, se desirent, s'offrent et s'apprivoisent . Des moments rares car ce n'est pas toujours le cas et heureusement !
RépondreSupprimerCe livre me donne envie , merci pour le passage ...