samedi 25 décembre 2010

Joyeux Noël, en boxer!!



A vous tous, Très joyeux Noël, et meilleurs voeux pour 2011.
Comme tous les 25 du mois, je suis aussi sur "une fois par moi"...vous pouvez donc me lire ou là..ou ci-dessous....
Je vous embrasse

Puisque j'ai le privilège d'écrire le 25, et donc d'avoir le jour de Noël pour tribune (en même temps, vous n'allez pas trop me lire, tout ensuqués que vous êtes de vos réveillons et de vos cadeaux), je ne peux y échapper...ce sera un petit conte, qui plaira à certains, qui déplaira à d'autres...Je ne pourrais apparemment pas voir vos commentaires jusqu'à début janvier , m'exilant dans une campagne française où je pense Internet n'est pas encore arrivé (si si , ça existe toujours, il y a encore quelques irréductibles gaulois....). Donc , avant de vous faire ce petit cadeau de conte de Noël, Joyeuses fêtes à tous, et que 2011 soit pour vous une année merveilleuse, et pleine de bonheur, avec plein de belles initiatives, de découvertes, et un regard aussi drôle, décalé et plein de sens qu'un Banksy , par exemple...Et puis, si vous ne savez pas quoi offrir à vos proches et que vous n'avez pas un rond, offrez "Indignez-vous" de Stephane Hessel (3€)...c'est revigorant, et c'est un beau programme pour les années à venir! mais il y a du boulot....Pour l'instant, c'est la fête, et je vous laisse découvrir le "boxer du Père Noël".....

Donc. C'était son premier Noël, au beau Benjamin. Enfin , premier Noël en tant que Père Noël. Cela avait été compliqué et long pour se faire accepter dans l'équipe des Père Noël: il faut connaitre plusieurs langues, être fiable et rapide, capable de rester 364 jours par an sur des tâches administratives, commandes aux fournisseurs, suivi de la qualité, repérer les enfants méritant des cadeaux des autres enfants (ça , il n'aimerait pas faire du tout!) et puis le jour J, être hyper efficace, rapide, ne pas oublier un cadeau à distribuer , ni un enfant à satisfaire, savoir user de ses pouvoirs magiques avec parcimonie et UNIQUEMENT dans l'intérêt du service "Noël", enfin , être quand même un mec débrouillard, résistant physiquement et émotionnellement, et capable de se restreindre quasiment toute l'année pour une nuit de plaisir intense: celui d'émerveiller le monde en offrant des cadeaux! Et c'est pour ça qu'il avait voulu faire ce métier, même si au dernier entretien, le jury avait eu du mal à comprendre comment un si bel homme voulait ainsi se cloitrer toute l'année en Laponie, avec des collègues plutôt âgés, sans femmes (la mère Noël n'existe pas, ceux qui vous disent le contraire croient vraiment au Père Noël! ) et très peu de jeunes collègues avec qui il aurait pu faire la fête. Mais sa détermination faisait tellement plaisir à voir qu'il avait été accepté.

Alors, le grand jour était arrivé. Il avait bien tout vérifié: la liste des destinataires (500 000 , on lui avait dit que c'était peu, les Pères Noël aguerris en traitaient 10 à 20 fois plus), les cadeaux (il y en avait une montagne!!), ses pouvoirs d'arrêt du temps et de transport à vitesse de la lumière, et les chiens de traineaux et leurs résistances (les rennes étaient réservés aux Pères Noël supérieurs- il y a en effet , comme dans nos grandes boites des cadres sup, cadres intermédiaires, personnel de service, etc..le même type de hiérarchie avec les Père Noël supérieurs, intermédiaires, juniors (ce qu'était Benjamin), assistés tous de manutentionnaires, secrétaires, assistant(e)s de Père Noël, etc...sans compter quelques syndicalistes et autres adeptes du développement durables, ces derniers ayant obtenus de ne plus se fournir en Chine). Tout était prêt.

Au top départ, 23H59 , ce 24 décembre 2010, Benjamin est déjà parti. Grâce à son pouvoir d'arrêt du temps, il a pu livrer à 00H les 500 000 cadeaux aux 500 000 destinataires. Les chiens de traineaux sont fatigués, mais ils ont été entrainés pour ça. Car , si le temps s'arrête, si les humains pensent avoir vécu une seconde, eux, les Père Noël, ont bien bossé l'équivalent d'une semaine, arpentant leur zone géographique dédiée à la vitesse de la lumière, apportant les cadeaux au pied des cheminées, remontant dans le traineau, avant de passer au suivant et de recommencer l'opération 500 000 fois..je vous laisse imaginer la difficulté, et le challenge!!! Benjamin est satisfait. Il estime s'en être bien tiré.

En remontant dans son traineau, il s'assoit, un peu fatigué, et consulte sa liste. Tous les noms sont barrés...mais que voit-il? une petite lumière qui clignote pour Mr et Mme Montignac. Ils n'ont pas été livrés! Mais il n'a plus de cadeau!! Ca doit être une erreur du service "préparation des cadeaux"! ou quelqu'un lui a fait un sale coup..pour le griller pour le prochain Noël...Avec son joli minois, il a dû faire des envieux!!

Comme il est honnête, et qu'il imagine la déception de ce couple , au petit matin, qui n'auront pas leur cadeau, il se dit qu'il vaut mieux aller les voir. Il s'excusera platement, leur dira qu'avec la crise, on n'a pas pu livrer tout le monde, qu'ils seront prioritaires en 2011, etc..etc..et que surtout, ce n'est pas parce que ils n'ont pas été sages qu'ils n'ont pas de cadeaux...et quelque part, recevoir le Père Noël en personne, ce n'est pas une forme de cadeau? cadeau unique même!! Seul problème: le règlement interdit tout contact avec les humains. "Qu'à cela ne tienne, je ne peux les décevoir. Et j'expliquerais que c'est dans l'intérêt du service , et de la réputation des Pères Noël", se dit-il.

A minuit une, le voilà à la porte des Montignac. Il y a de la lumière. Il sonne. Une petite dame, plutôt jolie, vient ouvrir, en poussant un grand cri:

-"Arthuuuuuuuuuuuuuuur, viens voiiiiiiiiiir , le Pèèèèèèèèèère Noëllllllllll"...Mais , entrez donc , ne restez pas à la porte, avec toute cette neige, vous allez attraper froid!!"

Benjamin se dit qu'il avait pris la bonne option..elle avait l'air charmante, il resterait un petit moment et filerait. Le mari, Arthur donc, arriva derrière sa femme:

-"Mais , on vous offre un petit quelque chose à boire? on viens juste d'ouvrir le champagne, les enfants sont chez leurs grand-parents sur la Méditerranée, on va les rejoindre après-demain"

-"Avec grand plaisir", répond Benjamin, qui entre et s'installe. Les Montignac étaient ravis, très affairés à l'idée d'avoir été "choisis" pour recevoir le père Noël. Ils avaient une bonne quarantaine, mais étaient plutôt très biens de leur personnes, très sexy même pour un soir de Noël. Benjamin se demanda même s'ils avaient prévu des trucs coquins, les enfants n'étant pas là. Mais il chassa cette idée de sa tête.

Le champagne était bon, le foie gras aussi. Benjamin commençait à sentir la fatigue, et l'alcool n'aidait pas. Il faisait chaud. Il avait envie d'enlever sa tenue de Père Noël, mais c'était aussi interdit par le règlement. Et il n'avait qu'un boxer en dessous, d'une marque australienne parait-il connue de certains milieux, mais quand même...C'est finalement madame Montignac, qui, en bonne maitresse de maison et toujours très perspicace sur l'état de ses invités, lui suggéra de se mettre à l'aise: "Je sais que vous avez encore du travail, et que vous n'allez pas rester longtemps, mais je vous suggère de vous mettre un peu à l'aise. Il fait chaud ici, et vous êtres trop couvert; Laissez moi vous dévêtir." Et avant même qu'il ait eu le temps de réagir, Mme Montignac lui avait retiré sa combinaison de Père Noël, se retrouvant devant la cheminée, avec comme seul vêtement son boxer rouge et blanc! Boxer sur lequel était dessiné un petit Père Noël très sexy, juste sur une protubérance des plus remarquables! Arthur ne put s'empêcher d'admirer la morphologie de Benjamin, bel homme musclé, avec juste ce qu'il fallait comme pilosité, la peau un peu mate, et de regarder avec insistance ce fameux boxer qui cachait une anatomie des plus intéressantes. Madame Montignac, qui n'avait d'yeux que pour son mari en temps habituels, semblait aussi en avoir le souffle coupé. Il y eut un silence. Un peu long. Suivi d'une gène évidente. Benjamin les trouvait bien à son goût aussi, et ce long silence ne laissait plus de place au doute. Son incartade allait-elle l'obliger à se transformer lui-même en cadeau de Noël?

Alors, pour casser le malaise, Benjamin eut une idée. Plutôt que d'être leur cadeau, je vais leur offrir mon boxer, qui a l'air de les intéresser tant! En deux temps trois mouvements, il retira son boxer et leur offrit. Que n'avait-il pas fait là? En laissant ainsi toute son anatomie au regard des Montignac, ceux-ci perdirent la tête! (mais pas la queue, horrible jeux de mots, c'est stupide, mais ça me fait marrer). Ils s'approchèrent de Benjamin , puis on ne sait pas comment cela se passa, qui fit le premier geste , tenta la première caresse, le premier baiser sur la peau mate de Benjamin, sur celle d'Arthur ou bien sur celle si douce de Madame Montignac. Toujours est-il que très vite les Montignac se retrouvèrent nus comme des vers avec Benjamin, tous enlacés comme des amants en furie, et tentant des choses que jamais Mr et Mme Montignac n'auraient pu imaginer de faire un jour avec un si beau Père Noël. ...Et Benjamin était heureux d'expérimenter la joie et le plaisir d'être transformé en cadeau de Noël, c'était le plus beau jour de sa vie, il comprenait pourquoi il avait voulu avec tant de hargne être Père Noël, et se disait que vraiment, il avait fait le bon choix!

Soudain, il regarda par la fenêtre et distingua le jour qui se levait. Impossible, il avait arrêté le temps pourtant. Il laissa quelques secondes le couple, chercha son arréteur de temps, et se rendit compte avec horreur qu'il avait oublié de le mettre en marche. Il le fit alors immédiatement. Il expliqua très vite aux Montignac ce qui se passait, qu'il devait filer au plus vite, et qu'il risquait de perdre son boulot. Les Montignac étaient catastrophés. Ils l'aidèrent à se rhabiller, lui firent pleins de caresses supplémentaires et de bisous, trop triste de voir ainsi filer cet Apollon de Noël inattendu, qui disparut dans le jour levant, avec son chariot et ses chiens légèrement engourdis par le froid et le sommeil.

La suite fut différente pour Benjamin et pour les Montignac. Benjamin arriva en Laponie où il faisait encore nuit. Tous les autres étaient déjà là, et s'étaient en fait endormis dans le grand dortoir surchauffé de retour de mission des Père Noël, tous avec leur boxer blanc et rouge. Il fallait qu'il en trouve un autre , qu'il alla chercher dans ses affaires. Mais le blanc et rouge était unique, réservé à la nuit de Noël. Il en prit alors un bordeaux et blanc , espérant que cela ne se remarquerait pas, et s'endormit. Il fut évidemment le dernier à se réveiller, et évidemment tous avait remarqué la couleur de son boxer. Ils étaient tous autour de lui, en train de boire leur café tranquillement et attendant le réveil. En ouvrant les yeux, d'abord, il ne comprenait pas ce qu'ils faisaient tous là. Et puis, tout lui revint, et il devint cramoisi. Tous les Pères Noël éclatèrent de rire! Il voulut balbutier quelques mots, mais un Père Noël d'une quarantaine d'année qu'il n'avait jamais remarqué prit la parole: " alors, elle était comment? ou il? ou elles? ou eux? "..Benjamin était abasourdi. "Tu sais, la première fois, on fait tous pareil, c'est trop tentant...et trop frustrant de louper une personne à qui on ne donne pas de cadeaux...alors, tous , on fait la même chose..et c'est à ça qu'on sait si on s'est trompé ou non sur le recrutement..Apparemment, avec toi, on en tient un bon, un vrai...par contre, l'an prochain tu auras le nombre exact de cadeaux nécessaires...et un boxer tout neuf pour remplacer celui que tu as offert...et celui-ci ne sera pas arréteur de temps quand on l'enlève..." En entendant ça, spontanément, Benjamin réplique: " mais c'est n'importe quoi! je l'ai enlevé , et le temps a coulé quand même..!" "Parce que tu avais lancé l'autre arréteur de temps, ton professionnel, et donc en enlevant ton boxer arréteur de temps, tu as débloqué l'arréteur professionnel (vous me suivez?, c'est un peu compliqué je sais), donc , le temps s'est écoulé normalement. Mais on fait tous la même erreur, et il vaut mieux , parce que tu y serais encore sinon, mon grand!"....et si tu as pris goût à cette incartade, tu peux quand même la renouveler, sans costume de Père Noël bien sûr lors de tes vacances...tu peux aller retrouver celles ou ceux avec qui tu as passé cette nuit...". Comme quoi les Père Noël sont très ouverts d'esprits (et pas que d'esprits d'ailleurs), et sont bien des êtres humains comme les autres, avec leur force...et leurs faiblesses...

Quant aux Montignac, ils passèrent leur journée de Noël au lit, entre sommeil léger et galipettes arrosées au champagne...Madame Montignac remarqua que son mari était finalement très à l'aise avec les hommes sur le plan sexuel, et trouva cela en fait assez excitant. Elle souhaita secrètement alors que l'an prochain, ils puissent recevoir la Mère Noël (qui elle , malheureusement n'existe pas, je l'ai déjà dit).

Ce ne fut que plusieurs jours après qu'ils découvrirent la capacité d'arrêter le temps du boxer de Benjamin. Ils en usèrent alors avec bonheur et à profusion, passant ainsi des nuits d'extase qui leur paraissaient des éternités. Et quand Benjamin venait à Pâques ou à l'Ascension, le septième ciel était de mise quasi éternellement. Jamais cadeau de Noël ne fût autant apprécié, et jamais Benjamin n'eût l'idée de le reprendre.

jeudi 16 décembre 2010

Art, Anonymat, Banksy, Basquiat et Houellebecq



Récemment, trois évènements m'ont fait un peu plus réfléchir sur l'anonymat(dont j'avais déjà parlé ici), l'art, et le désir de faire passer des messages, des ressentis, comme on peut en lire sur tous nos blogs. Je vais donc aujourd'hui faire mon "cultureux". Car tout ça me pose question, sachant que je suis aussi très amateur d'Art et de Culture.

D'abord, Houellebecq, que je n'avais jamais lu, jusqu'à ce qu'on m'offre son dernier bouquin qui depuis, a reçu le Goncourt (je n'y suis pour rien d'ailleurs...). J'ai dévoré les deux premières parties du livre , où est très bien décrit la montée en puissance, en notoriété et en finance aussi d'un artiste, qui apparemment , ne fait pas des choses extraordinaires, si ce n'est qu'il exploite bien ses concepts artistiques, et qu'il est introduit comme il faut dans les milieux d'argent, qui ont les moyens de faire la pluie et le beau temps dans ce domaine. Intéressant, mais rien de révolutionnaire non plus. En revanche, la troisième partie m'a ennuyé, alors qu'elle aurait pu être celle du suspens, du thriller....Globalement, en refermant le livre, je me suis dit : "tout ça pour ça", sachant en plus que je ne trouve pas le style et la qualité d'écriture de l'auteur extraordinaire. Et si je ne suis qu'un petit blogger, je me permets quand même de juger, et d'estimer que l'auteur est sans doute aussi victime du système qu'il dénonce: on a du succès , à partir du moment où on est recherché pour la valeur financière de ses oeuvres, et non pour leurs qualités hautement artistiques (c'est un vieux débat me direz-vous).

Ensuite, une de mes escapades parisiennes m'a permis d'aller voir l'exposition Basquiat au Palais de Tokyo, musée d'art moderne de la ville de Paris (dont l'entrée aux collections permanentes est gratuite d'ailleurs, et c'est magnifique...). Basquiat, il faut faire la queue une demi-heure, les billets sur internet sont pris d'assaut si vous ne réservez pas 5 ou 6 jours en avance, mais ce serait un "must" à voir , selon les uns et les autres...Je connaissais un peu, mais pas beaucoup. Je dois lui reconnaître un style spécifique, une énergie extrême , parfois violente, des assemblages de couleurs vivants et forts...Ca m'a plu. Les personnes avec qui j'étais étaient plus sceptiques: ces dessins, ces oeuvres sont-elles véritablement des oeuvres d'art? certaines sont proches du dessin d'enfants, immatures, et leur "spontanéité" qui en fait leur qualité, justifie-t-elle une exposition pareille? des prix aussi exorbitants pour ces oeuvres dans les ventes aux enchères? on apprend que Basquiat était un protégé de Andy Warhol, certaines toiles sont faites en commun. Est-ce la proximité de Warhol, passé maître en "marketing" de l'art (mais là, je reconnais beaucoup de talent à celui-là, et à sa vision de notre société moderne de consommation, et de désir de célébrité) qui fait que aujourd'hui, Basquiat , mort prématurément, atteint des côtes incroyables?

Enfin, je lis dans le Monde en fin de semaine, et dans Télérama cette semaine des articles sur le documentaire concernant Banksy, graffeur "street-artiste" de grand talent de Bristol, dont un film le concernant vient de sortir sur les écrans ("Faites le Mur" , en anglais "Exit through the gift shop"). Je n'ai pas vu le film, mais je suis(de suivre) un peu cet inclassable depuis quelques temps, sur le net. Ce type produit sur les murs de sa ville, mais aussi sur le mur d'Israël (côté Palestine, je pense) et sur pleins d'autres , des oeuvres d'art, avec du sens, du talent, et aussi un grand sens de l'humour...Il arrive à exposer dans des musées, dans des expos organisés par les musées et montées par lui, ou bien de façon inattendue et "surprise (il vient accrocher ses tableaux à côté de ceux des grands maîtres), mais ne se fait pas payer, ne réclame pas de droits d'auteurs, laisse ses oeuvres en accès libre. Il devient une célébrité, mais garde apparemment sa simplicité.

Et puis , il écrit ceci: " les gens qui vous connaissent bien prêtent rarement attention à ce que vous dîtes; en revanche, ils prennent souvent pour paroles d'évangile ce que raconte un inconnu dans un livre ou une chanson. Donc , si on a quelque chose à dire et qu'on veut être écouté, il faut porter un masque! Pour rester honnête, il faut parfois vivre dans le mensonge".

Moi, tout ça, ça m'interpelle. Il me semble clairement un représentant de nouvelles tendances des années à venir, celles de la coopération, ou de la collaboration où l'argent n'est plus le maître (mais reste encore là quand même, il faut bien vivre, et Bansky vend des toiles à des stars , je suppose , très chers), et où la recherche du plaisir à plusieurs, le souhait de satisfaire un plus grand nombre en jouant sur des ressorts humoristiques et surtout humains sont au centre des travaux. Peut-on d'ailleurs parler de travail, quand on a l'impression que cet homme s'amuse d'abord, et prend beaucoup de plaisir à railler ses pairs académiques et souvent à faire mieux qu'eux?

Et vous, blogguers, qui écrivez sans recevoir de droits d'auteurs, n'êtes-vous pas dans ce même état d'esprit? ne vous faîtes-vous pas plaisir d'abord, en tenant votre blog, afin de faire plaisir à vos lecteurs, que vous ne connaissez souvent même pas en direct? Moi, j'aime bien cet état d'esprit, et je me dis que, en ces temps de crise où la reine-consommation vacille sur son trône, les notions du plaisir partagé et d'humour pour tous, sans transaction financière obligatoire, vont faire un coup d'éclat, puis un coup d'état.

Quant à l'anonymat de l'artiste, cela aussi m'interpelle. Nous sommes presque tous des bloggers anonymes, couverts par des pseudos. J'en avais déjà parlé sur ce blog. L'anonymat, ou plutôt la liberté de rester anonyme ou non, est peut-être aussi gage de créativité facilitée, et reste indispensable sur le net.

samedi 4 décembre 2010

Dans le tiroir

J'ai regardé dans ma chambre s'il y avait un mur où la mettre.

Mais l'humidité du tiroir l'avait abimée.

Je n'encadrerais pas cette photographie.

J'aurais dû la garder avec plus de soin.

Ces lèvres, ce visage-
Ah! si pour un jour seulement, pour une heure
au moins, leur passé pouvait revenir.

Je n'encadrerais pas cette photographie.

Je souffrirais de la voir aussi abîmée.

Du reste, si elle n'avait pas été abîmée,
cela m'aurait gêné d'avoir, sait-on jamais, à faire attention
à ne pas me trahir d'un mot ou d'une intonation de la voix-
si l'on m'avait questionné sur elle.

(janvier 1923)

Constantin Cavafy, in "En attendant les barbares et autres poêmes" Poésie, Gallimard


En ce moment, j'ai l'impression que je pourrais l'encadrer cette photo....mais, je ne le fais toujours pas.